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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 09:30

Qui est-il ?

Thierry Pétrel.

Quand il épie les autres, pour qui se prend-il ?

Le meilleur.

Quand il vend, que se dit-il ?

Ils ont de la chance.

Quelle chance ?

La chance que Thierry est mis son intelligence au service de l’honnêteté.

Un jeu. Une piste. Il n’a pas trouvé parmi l’ensemble des habitants du quartier lequel avait acheté une voiture de sport. Il regarde souvent par la fenêtre, mais il ne voit pas dans la rue qui a pu acheter une voiture de sport.

Il regarde pardessus les haies. Ce doit être  à quelques rues d’ici.

Trouver l’homme à la voiture de sport pourrait tout faire basculer.

Cette voiture, il l’a aperçue quatre fois puis elle a disparu. Il l’a aperçue en arrivant de Valence avec Blanc, en faisant le tour du quartier, en revenant de la morgue et en partant le soir saluer sa mère.

Quatre fois à la même place.

Ce matin, il ne l’a pas vue. Hier matin il ne l’a pas vue. Ni l’avant-veille. Ni le jour d’avant. Ni les jours précédents.

Quatre fois.

Il n’a pas rêvé.

Il aurait pu se dispenser de retourner dans le quartier du Moussi. Les absents d’hier ne sont pas réapparus et sa mère s’est mise à pleurer.

Il a passé une journée sans vendre.

Quand il a raconté ça à Blanc, il l’a pris très au sérieux, il lui a dit si vous m’aviez demandé conseil, je vous aurai dit comment faire pour retrouver cette voiture.

L’ampleur de la tache l’empêche de réfléchir.

Une bagnole. Pourquoi se focaliser sur une bagnole ?

Il regarde dans chaque rue. Il procède méthodiquement. Il sait que les portes des garages sont fermées. Il ne comprend pas pourquoi on voudrait dissimuler cette voiture, ni pour quelle raison il tient tant à savoir qui possède cette voiture.

Une bagnole. Juste une bagnole.

Il l’a vue quatre fois et depuis rien du tout. Quatre fois de façon rapprochée et plus rien. Il a ce mauvais pressentiment. Ce mauvais pressentiment qui ne le quitte pas, qui ne le quitte plus.

Relativiser.

Vite.

Après tout ce que lui définit comme un mauvais pressentiment n’est juste qu’un voile chez les autres. Il compte jusqu’à cinq. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. L’ombre a disparue. Il a retrouvé cette joie qui fait de lui le meilleur des vendeurs.

Je m’appelle Thierry Pétrel. Je vends.

Il a tout vendu. Tout et n’importe quoi. Par tous les moyens. Par des biais détournés. Thierry Pétrel évolue dans un monde mercantile. Tout s’achète. Tout se vend.

Des maisons. Transaction plus longue que ce qu’il a l’habitude de faire. Une poignée de mains. Là, il en faut plus. Beaucoup d’intervenants. Il ne peut pas faire sa soupe.

Il est le meilleur des vendeurs. Il n’y arrive pas. Sa période d’essai arrive à échéance. Il n’a toujours pas vendu sa première maison.

Il se lance dans ce secteur parce qu’il rêve de vacances au soleil. Marre de devoir compter. Marre d’être empêtrer dans une morale qui ne désavantage que lui.

Le soleil écrasant.

La canicule.

Sa jolie femme.

Il fatigue. Il se déshydrate. Il perd conscience.

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