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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 09:29

Le colonel regarde Blandine. Le dernier instant à passer ensemble.

Elle va partir.

Il pourrait savoir avec qui. Il pourrait enquêter. Des hommes lui sont fidèles. À quoi ça sert, sinon à perdre son temps. Un autre jour elle partira.

Avant de rejoindre ses hommes aux portes du conflit, le colonel a mis dans son coffre les papiers que maitre Glorioso lui a fourni. Ils règleront leurs problèmes la bataille finie.

Le colonel a besoin d’un foyer. Le colonel a besoin d’une maison. Que de temps perdu en compagnie de Blandine.

Il combat ceux qui affirment qu’elle n’était pas pour lui. Au contraire, Blandine est une fille de caserne. Altruiste. Not avare sur l’usage de son corps. Mais lui, le colonel, il n’a plus envie de vivre au milieu des siens.

Dans deux jours nous partirons.

Une nouvelle guerre. Enfin, dirait-il. L’oisiveté n’est pas bonne pour les soldats. Il leur faut de l’action.

Merci monsieur le président.

Dire que certains prétendent que le poste pourrait convenir à une femme.

Le colonel est rétrograde. Il ne s’en cache pas. L’image de la femme qu’il aime et qu’il désire est celle que donne Blandine. On ne peut pas le lui enlever. Une belle qualité.

La belle qualité.

Le colonel entre dans le mess des officiers. Un dernier repas ensemble. Les tables sont disposées en U. Les nappes descendent jusqu’au sol. Le décor est sobre. Des chandeliers apportent la lumière nécessaire.

Le colonel regarde ses officiers et ses sous-officiers. Parmi, il y a un traitre. Comment ne pas le nommer autrement. Le traitre est à chercher parmi ceux qui restent. Ça va de soi.

Dans dix minutes, le colonel fera un speech. Pour motiver les troupes comme on dit dans le jargon. Oui, mais voilà, il veut s’adresser à celui qui se cache et qui veut lui piquer Blandine. Le colonel n’est pas dupe. Il sait que Blandine choisit. L’embarras du choix. Mais. Le colonel est de ceux qui pensent qu’entre camarades il y a des choses qui ne se font pas.

Le colonel voudrait parsemer son speech de sous-entendus qui feront mouche. Peur à celui qui a trahi. Du bien à ses hommes prêts à en découdre.

Que sera le terrain ? Du sable à l’infini. Des trous où se cacheront ces putains de négros enrubannés pour mieux leur tomber dessus. Le colonel pense au vent. Il va y avoir du vent. Des rafales qui foutent de la poussière dans les yeux, dans la culasse des fusils, dans les oreilles, dans la culasse des moteurs.

Le colonel se verrait bien éradiquer toute résistance au lance-flamme. C’est interdit. Parait-il.

Le colonel se verrait raconter deux ou trois blagues à se hommes avant de partir. Histoire de rire. De faire rire du capitaine au deuxième classe. Même le traitre.

On peut considérer tant qu’il ne passe pas à l’acte, qu’il n’est pas formellement un traitre.

On peut considérer que le discours que s’apprête à faire le colonel dans le mess des sous-officiers peut le faire réfléchir.

 

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