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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 09:26

Un soir Arnaud a rencontré cette femme désemparée et seule. Il l’a accueillie chez lui. Il a dialogué avec elle. Il lui a offert à manger.

Il n’avait qu’un but : lui faire porter la lingerie qu’il avait achetée et guérir sa phobie en l’étranglant. En la poignardant.

Elle se prénommait Anne. Au cours de leur première rencontre elle n’en dit pas plus.

Arnaud avait son fantasme. Comme les philosophes réactionnaires qui tentaient de faire croire au monde qu’ils étaient les derniers rebelles.

Pendant un an, il n’y eut pas d’autres rencontres.

Ingrid et les enfants ne lui facilitaient pas la tache. Rares, étaient les soirées où ils s’absentaient. Arnaud, convint, pour que ce fantasme se réalise, qu’il devait après une nouvelle rencontre fortuite, louer une chambre d’hôtel. Il s’accommoda parfaitement de cet élément supplémentaire.

Arnaud était revenu sur les lieux de la première fois. Elle ne réapparaissait pas. Pire. Personne ne la connaissait. Elle était l’étrangère. L’inconnue.

Arnaud passa une annonce dans le journal. Il n’eut pas de réponse.

Cette aventure ne devait pas être une aventure. Arnaud se persuadait qu’il l’avait rêvée. Une hallucination.

Cela n’augurait rien de bon pour lui. Il devait se calmer. Ranger au placard ses fantasmes.

Arnaud ne sut se raisonner. Il se dit puisque ce ne peut être avec elle, ce sera avec une autre. Qui lui ressemble. Désemparée et seule. La terre, en l’occurrence la ville, ne manque pas de femmes de ce genre.

Arnaud se mis en quête d’une femme seule et désemparée. Ce n’était pas si facile que ça de trouver une femme seule et désemparée. Beaucoup de femmes parmi celles qu’ils croisaient avaient des convictions. Arnaud n’aurait jamais cru naviguer dans un monde autant effrayant. Il ne désespérait pas. Ce qu’il avait vu une fois pouvait ressurgir.

À force de chercher, Arnaud obtint ce qu’il désirait. Presque.

Il l’avait repérée isolée au comptoir.

Arnaud n’aurait pas dû user de l’érotisme comme d’une lampe de chevet. Comment  procéder autrement ? La chambre d’hôtel était glauque. Moquette, rideaux de velours, dessus de lit. Dentelle. Le cadavre était dans la chambre.

Dans la rue. Arnaud. Des phobies apparaissaient. Odeurs. Maquillage. Vêtements. Arnaud entrait en enfer.

Arnaud s’était fixé le nombre dix comme référence. Si dix fois je la vois seule accoudée au comptoir je pourrais dire qu’elle correspond tout à fait au profil que je recherche.

Lorsqu’il la vit une quatrième fois, Arnaud revint sur ses principes. Dans son for intérieur, il se dit quatre c’est comme dix, pas besoin de pousser l’expérience plus avant, elle est définitivement une femme seule et désemparée.  Il lui paya un verre, discuta avec elle, cependant dans un coin dans sa tête, trottinait l’idée que quelque chose n’allait pas. Outre le chiffre quatre, la pression qu’exerçait Ingrid pour qu’il sorte moins, le prénom différent, il était chagriné par le fait qu’il eut un nez parfait. Anne avait un nez aquilin et il aurait aimé retrouvé ce type de nez.

C’est sans doute cette dernière circonstance qui lui fit péter les plombs.

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