Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 10:39

S’avouer qu’on a peur de son fils… quelle déception !

Vampires à la télévision.

Elle a remarqué qu’un soupçon plus fort pesait sur la jeunesse dans les films américains. Elle a vu des cinéastes dits branchés faire l’apologie des jeunes gens incapables de communiquer. Massacrant un lycée. Elle a remarqué que l’âge des vampires s’amenuisait. Ils sont plus beaux. Ils sont plus jeunes. Et beaucoup, parmi eux, ont pactisé avec le diable.

Elle a un faible pour les torses nus et les vampires peroxydés.

Elle comprend l’analogie. L’âge de raison n’a plus sa pertinence. L’apparente tranquillité vire constamment à la diablerie.

Julie Perrin se trouble devant l’évolution de la société décrite dans les films. Les jeudis soirs, sur la première chaîne française, les intrigues regorgent d’inquiétantes suppositions rendant les nuits suivantes éprouvantes. Se réveillant, inquiète, Julie se débat avec des troubles du sommeil.

Par moments, la présence de Sylvain la glace. Quand il passe dans la cuisine, elle s’arrête de respirer, elle redoute qu’il prenne un couteau de boucher et vienne l’égorger. Elle tremble devant lui. Elle échappe des objets. Il la traite de gourde, de conne. Elle s’excuse. Son fils dans sa chambre, elle tente de se calmer. Au premier bruit, la peur reprend place.

Pour Julie Perrin, elles existent ces images. Aux Etats-Unis, à cause de la misère et de la drogue, en France, à proximité de chez elle, avec des jeunes de banlieue, inactifs et violents traînant dans les halls d’immeubles. Elle existe cette menace… et elle peut débarquer chez elle.

Une fois Sylvain dehors et la porte fermée, elle regarde la serrure et pense, ce serait mal de la tourner, c’est mal d’avoir peur de son fils, de vouloir l’empêcher de rentrer chez sa mère, et elle en reste là.

Depuis un mois, elle a pris un abonnement au journal local. Elle veut se défaire de ses fantasmes. Voir la vérité. La vérité en face, comme on dit. Alors elle épluche les faits-divers pour noter si elle connait quelqu’un, de près ou de loin, qui aurait dû souffrir de cet aspect crucial de la nouvelle violence : celle des jeunes. La majorité des agressions est l’œuvre de gens d’une trentaine d’années, hommes ou femmes.

Ce qu’elle veut y voir, c’est un cas similaire au sien. Pour ne pas être prise au dépourvu. Elle veut déceler les symptômes. Savoir qu’elle est la responsabilité de l’alcool, de la drogue et du sexe dans cette explosion de violence.

Livres de vampires.

Reste la police.

Monsieur le gendarme, emmenez-le. Il me fait peur.

Les rumeurs. Vous savez ce qu’on dit sur lui. La jeune fille. Oui, la jeune fille. Celle qui s’est défenestrée. Oui, et bien ?

Ne pas vouloir entendre la réponse ; ce genre de réponse.

On a dit qu’il aurait donné – donné, entends-tu, Julie – l’acide qui aurait provoqué le trip fatal.

– Je voulais vous le dire monsieur le gendarme.

Julie Perrin n’a pas la force de l’emmener jusqu’au poste de police. Non, parce que c’est son fils, mais parce qu’il lui fait peur.

Jamais vu autant de films de vampires sur les écrans. Et de morts-vivants. Julie Perrin n’a pas peur des morts-vivants.

S’avouer qu’on a peur de son fils… quelle déception !

Partager cet article
Repost0

commentaires